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vendredi, 13 avril 2018

Caen, la vente programmée de la place de la République en une douzaine de dates...

Caen, place de la République, ancien hôtel de ville, séminaire des eudistes, Joël BRUNEAU, Sonia de la Provôté, Véronique DEBELLE, conseil municipal, cabinet Bérénice, demande anticipée de prescription d'archéologie préventive, diagnostic archéologique, DRAC Jean-Paul OLLIVIER, Cyrille BILLARD, Karim GERNIGON, Service archéologie du Calvados, Vincent HINCKER, Dominique LAPRIE-SENTENAC, ABF, architecte des bâtiments de France, JEL Diffusion, Laurent CHEMLA, Le Printemps Caen, Sedelka-Europrom, Claude JEAN, Malek REZGUI, Le Norway, modification n° 2 du PLU de Caen, Communauté urbaine Caen la mer, secteur UPr zone de projet dédiée à l'activité et au commerce, déclassement de l'ancien parking à barrières, abattage des tilleuls

Le magasin de bricolage

de l'affreux Jojo

Le lundi 29 juin 2015 le Conseil Municipal de Caen, par sa délibération n° 9 (compte-rendu intégral sur le site internet de la ville, pages 169 à 179), décide à l'unanimité de prendre en considération un périmètre d'étude délimité par l'avenue du Six Juin, la rue St Pierre, le boulevard Bertrand et la rue de Bernières, considérant qu' « une étude complémentaire s'impose pour définir un plan stratégique d'intervention » et que « dans ce contexte, le principe d'une réflexion sur la Place de la République devient une évidence. Son positionnement est essentiel dans les trajets nord-sud : Théâtre / rue St Pierre / place St Sauveur et ouest-est : Gardin / Bellivet / le Port, qui pourraient induire des changements dans les circuits commerciaux, conduire à des aménagements particuliers, voire de nouveaux projets de construction qui permettraient de renforcer l'activité commerciale de la ville. »

C'est en octobre 2015 qu'a été fait le choix du Cabinet Bérénice pour mener cette étude sur le commerce de centre-ville (« A l'été 2015, nous avons consulté pour avoir l'assistance d'un cabinet afin de nous aider dans les différentes approches qui nous amènent à l'étape d'aujourd'hui. En octobre nous avons arrêté le choix du Cabinet Bérénice. L'étude s'est déroulée sur la fin 2015 et le début 2016 », compte-rendu du conseil municipal du 14 mars 2016, page 247).

Le 26 février 2016, la préfecture de région, Service régional de l'archéologie, reçoit une « demande anticipée de prescription d'archéologie préventive présentée par la ville de Caen, pour le projet « Place de la République » situé à Caen (14)... » (d'après le cinquième visa de l'arrêté n° 28-2017-404 du 19 juin 2017 de Mme la Préfète de la région Normandie portant prescription d'une fouille d'archéologie préventive).

Le 1er mars 2016 (quelle réactivité!), M. Jean-Paul OLLIVIER, directeur régional des affaires culturelles (DRAC), prend par délégation de signature de Mme la Préfète de la région Normandie un arrêté disposant en son article premier qu'une « opération de diagnostic archéologique » soit « mise en œuvre préalablement à la réalisation du projet » (sans autre précision, s'agissant d'un projet alors encore non défini!)
Huit jours plus tard, le 8 mars, un second arrêté signé Cyrille BILLARD par délégation (de M. Karim GERNIGON signant lui-même au nom du DRAC...) attribue la réalisation du fameux diagnostic au « Service archéologie du Calvados ».
Sera enfin désigné comme responsable des opérations M. Vincent HINCKER, par « arrêté de désignation n° 16-2016-152 en date du 20 mai 2016 »...

Et c'est le 14 mars 2016 qu'a lieu la présentation (sans vote) de l'étude Bérénice et de l'appel à projets République au Conseil Municipal de Caen (point n° 28 de l'ordre du jour, pages 228 à 255 du compte-rendu des débats):

« La réflexion porte aussi sur le maintien des alignements d'arbres qui avaient reconstitué une partie de la géométrie d'origine, le long de la rue Jean Eudes et de la place de la République. Il est évident que ces alignements feront l'objet du projet urbain » (idem, page 250).
(…)
« Les échéances de l'appel à projets République sont les suivantes:
- présentation de l'appel à projets en Conseil Municipal: 14 mars;
- publicité presse et internet de l'appel à projets: mi-mars;
- questions jusqu'au 22 avril, réponses jusqu'au 29 avril;
- remise des candidatures à l'appel à projets: 15 juin;
- audition des trois candidats ayant présenté la meilleure offre: 4 et 5 juillet;
- envoi des offres définitives suite à auditions: 8 juillet;
- Conseil Municipal de présentation de l'équipe lauréate: 11 juillet. »
                                             (idem, pages 250 et 251).

Du 1er au 18 juin 2016, réalisation in situ du diagnostic archéologique dont il a été question plus haut.

Puis, le lundi 11 juillet 2016, le Conseil Municipal de Caen (point n° 4 de l'ordre du jour, « Appel à projets place de la République et appel à idées îlot Bellivet », pages 15 à 54 du compte-rendu des débats) n'a droit, concernant les 6 « projets République » auditionnés les 4 et 5 juillet précédents, qu'à une présentation (sans vote), détaillée concernant les 4 projets écartés, mais nullement explicitée concernant les 2 projets retenus pour être ultérieurement départagés lors d'une « ultime sélection », avec présentation du lauréat lors du conseil municipal d'octobre 2016.

Mais curieusement (car rien n'est en théorie définitivement arrêté), on nous déclare que « Le projet qui sortira de cette ultime sélection reçoit d’ores et déjà l’aval de l’Architecte des Bâtiments de France, élément indispensable compte tenu du lieu où nous nous trouvons. Il sera présenté au Conseil Municipal d’octobre. », pages 228 à 255 du compte-rendu des débats). Le fonctionnaire d'Etat en question (l'ABF) est donc aussi un médium doué d'extraordinaires capacités de voyance...


Le 17 octobre 2016, le Conseil Municipal de Caen (point n° 3 de l'ordre du jour, « Appel à projets place de la République: présentation des projets ») n'a encore droit qu'à une simple présentation... du projet JEL Diffusion / Sedelka-Europrom sélectionné le 26 septembre et présenté en réunion publique le 12 octobre, soit respectivement 3 semaines d'une part, et de l'autre 5 jours avant la présentation au conseil municipal... Une présentation sans vote, très certainement (mais ce point, comme la teneur des débats qui ont pu alors avoir lieu, n'a pu être vérifié par nos soins puisqu'il n'y a plus de compte-rendu intégral des débats en ligne après le conseil du 11 juillet 2016, et seulement l'ordre du jour des conseils suivants, extrêmement succinct).

Le 21 novembre 2016, sans que cette question figure à l'ordre du jour (et donc sans vote), le Conseil Municipal de Caen aurait été simplement informé d'un projet (pratiquement bouclé) de modification n° 2 du PLU communal, devant faire l'objet d'une enquête publique du 12 décembre 2016 au 20 janvier 2017.

Le 3 avril 2017, l'ordre du jour indique au point 11: « PLU de Caen – Approbation de la modification n° 2 – Présentation en séance ».
Simple présentation, sans vote, là encore ? Sans doute, puisque la compétence « urbanisme » appartient désormais à la Communauté urbaine Caen la mer, et ce depuis le 1er janvier 2017, et puisque la délibération n° 14 du 13 mars 2017 du Conseil municipal de Caen autorise « l'achèvement » des procédures PLU par cette même Communauté urbaine...
C'est pourtant à cette modification n° 2 du PLU, en pas moins de 25 points (modification qui a été approuvée par les élus de Caen la Mer le 4 avril 2017), que l'on doit la transformation (bien discrète) d'un emplacement réservé n° 3 (pour parking et espace vert, entre la Poste, la Préfecture et la rue Jean Eudes), prévu au PLU de 2013, en un secteur UPr, "zone de projet dédiée à l'activité et au commerce"...

Le 26 juin 2017, l'ordre du jour fait état d'une délibération n° 11: « Approbation du déclassement de l'ancien parking à barrières "République" situé en bordure des rues Auber, Saint-Laurent, Jean Eudes et place de la République ».

Enfin, le 6 novembre 2017, l'objet de la délibération n° 32 est une « Demande d'autorisation de travaux d'enlèvement d'arbres relatif au projet République »

Pour l'essentiel, cette délibération s'appuie dans ses visas sur le déclassement du parking République (délibération n° 11 du Conseil municipal du 26 juin 2017) et sur les arrêtés de la DRAC des 15 novembre 2016 et 19 juin 2017 « portant prescription d'une fouille d'archéologie préventive ».

La motivation de cette décision pourrait en outre être ainsi résumée:
« … la Municipalité souhaite proposer sur le secteur de la Place de la République un projet [permettant] d’intégrer ce site dans le circuit marchand du centre-ville (…) Dans ce contexte, l'emprise de l'ancien parking à barrière République a pour vocation à recevoir un projet de construction (…) le projet proposé par la société SEDELKA a été retenu (…) Préalablement au lancement des travaux, la Ville a procédé à un diagnostic d'archéologie préventif. Suite à ce diagnostic, la DRAC a prescrit (...) une fouille d'archéologie préventive sur le terrain d'assiette du projet, à savoir la parcelle KX 61.
« Il y a lieu de procéder à l'enlèvement des arbres afin de permettre les opérations de fouilles archéologiques prescrites (...) »

Caen, place de la République, ancien hôtel de ville, séminaire des eudistes, Joël BRUNEAU, Sonia de la Provôté, Véronique DEBELLE, conseil municipal, cabinet Bérénice, demande anticipée de prescription d'archéologie préventive, diagnostic archéologique, DRAC Jean-Paul OLLIVIER, Cyrille BILLARD, Karim GERNIGON, Service archéologie du Calvados, Vincent HINCKER, Dominique LAPRIE-SENTENAC, ABF, architecte des bâtiments de France, JEL Diffusion, Laurent CHEMLA, Le Printemps Caen, Sedelka-Europrom, Claude JEAN, Malek REZGUI, Le Norway, modification n° 2 du PLU de Caen, Communauté urbaine Caen la mer, secteur UPr zone de projet dédiée à l'activité et au commerce, déclassement de l'ancien parking à barrières, abattage des tilleuls


Au terme de ce recensement, aussi exhaustif que possible, des différents stades de ce projet de construction d'un nouveau centre commercial sur la place de la République, on constate aisément que dans cette affaire seules 3 décisions ont été prises par le conseil municipal de Caen (le 29 juin 2015, pour lancer une étude concernant le commerce, le 26 juin 2017 pour le déclassement du parking et le 6 novembre 2017 pour décider d'abattre une cinquantaine de tilleuls). Les autres décisions (plus importantes et conduisant à terme à la cession à des intérêts privés d'une bonne moitié d'une place publique) l'ont été par l'administration municipale sous la direction du maire seul (et/ou de ses adjointes à l'urbanisme et au commerce?). Ainsi fonctionne à Caen ce qu'on appelle la démocratie représentative

On constate aussi quelle est la place dans ce dispositif d'un arrêté préfectoral présenté comme une contrainte, alors qu'il n'est que la conséquence d'une demande, effectivement bien étrangement « anticipée » de « prescription d'archéologie préventive », dont on peut supposer qu'elle a été formulée sous l'autorité du maire et de lui seul.

Une demande « anticipée », voire prématurée en effet, car, à la date du 26 février 2016, les conclusions de l'étude du cabinet Bérénice ne sont alors pas encore connues (du moins de l'organe délibérant de la commune), et les dispositions du PLU en vigueur interdisent toute construction sur l'emplacement réservé n° 3 (pour parking et espace vert) de la place de la République.

Car pour que cela devienne possible, il faudra attendre encore plus d'un an l'approbation en avril 2017 de la modification n° 2 du PLU (curieusement concomitante à une révision simplifiée du même PLU, engagée le 1er février 2016 selon une procédure dite allégée par un vote du conseil municipal). Une modification n° 2 sur laquelle le Conseil municipal de Caen n'a jamais été appelé à débattre, et qui entérine pourtant la création, sur la place de la République, d'un secteur UPr, "zone de projet dédiée à l'activité et au commerce"...

 

 

vendredi, 24 novembre 2017

République, reliques, et simonie...

Caen, place de la République, Laurent CHEMLA, Le Printemps, Claude JEAN, Sedelka, Joël BRUNEAU, Sonia de LA PROVOTE, Philippe LAILLER, Rives de l'Orne, Maurice BANSAY, modification n° 2 du plan local d'urbanisme (PLU) de Caen, secteur UPr, abattage d'arbres, Code du patrimoine, fouilles d'archéologie préventive, parking souterrain, maîtrise d'ouvrage de l'aménageur, redevance d'archéologie préventive, contrôle de légalité, recours gracieux

Gestion de patrimoine ?

Un bien curieux montage que celui imaginé par la municipalité et les services de la ville de Caen (ou de l'agglo, c'est tout comme), pour permettre à des intérêts privés, des sociétés de MM. Laurent CHEMLA (Le Printemps,etc.) et Claude JEAN, filles et gendre (Sedelka, etc.) de faire main basse à un coût acceptable sur une propriété publique (la moitié de la place de la Ré-publique).

Passons sur l'apparition ex-nihilo ou presque de ce projet, quelques mois seulement après les élections municipales. Un projet que le programme du maire n'annonçait pas, nous dit-on, du moins dans cette dimension ? Mais qui dormait sans doute quelque part, dans un tiroir... Qui pourrait aujourd'hui encore prétendre que les programmes électoraux engagent leurs auteurs ? Il suffit pour s'en convaincre de jeter un œil sur le volet urbanisme de celui que se proposaient de mettre en œuvre, au printemps 2014, Mme Sonia de LA PROVOTE (aujourd'hui sénatrice, et hier encore adjointe -à l'urbanisme- de M. Joël BRUNEAU), et son acolyte Philippe LAILLER. Un programme de petites maisons et de grands jardins à protéger d'urgence des appétits des bétonneurs, avant l'élection ; une débauche de bons gros permis de bétonner à grande échelle, une fois élus...

Passons aussi sur l'argument de vente de ce projet, la fameuse (et fumeuse) « redynamisation » du centre-ville et de son commerce. Comme si la vitalité commerciale était chose qui se décrète, comme si on ne nous avait pas déjà fait le coup avec la FNAC, et les Rives de l'Orne de Maurice BANSAY (entre autres associé de Silvio BERLUSCONI et de ses méthodes mafieuses dans l'affaire du centre commercial de Gruliasco près de Turin, cf. la Repubblica du 27 avril 1994, notamment, ou ce blog « Caennais si vous saviez », note du 21 février 2009). Comme si l'arrivée de la FNAC en son temps n'avait pas entraîné la disparition de pratiquement tous les libraires et disquaires de Caen. Comme si les Rives de l'Orne elles-mêmes étaient florissantes aujourd'hui (cases commerciales abandonnées, etc.), comme si on pouvait penser qu'elles auraient entraîné un développement du commerce de centre-ville...

Passons encore sur la modification n° 2 du plan local d'urbanisme (PLU) de Caen, approuvée le 4 avril 2017 par l'assemblée communautaire de Caen la Mer, aujourd'hui compétente. Après une enquête publique, qui s'est déroulée du 12 décembre 2016 au 20 janvier 2017, et « s'est très bien passée », comme le dit dans son rapport Mme Catherine de la Garanderie, commissaire-enquêteur. En 6 permanences, elle a en effet rencontré « une dizaine de personnes », et pense que « le caractère très technique de la grande majorité des 25 points constituant la modification [...] n'a pas encouragé le public à se déplacer ». Elle n'a là sans doute pas tort. Il y a eu aussi, il est vrai, 3 observations sur le registre d'enquête, et 3 courriers qui lui ont été annexés... Mais c'est bien maigre tout de même, car il paraît que Caen ville centre compte encore plus de 100 000 habitants, sans compter ceux de la communauté urbaine, puisque ce sont maintenant les 113 représentants de ses 50 communes (40 pour Caen) qui ont compétence en matière d'urbanisme.

Dommage, car c'est à cette modification n° 2 qu'on doit, pour notre place de la République, la transformation d'un emplacement réservé n° 3 (pour parking et espace vert) en un secteur UPr, « zone de projet dédiée à l'activité et au commerce ». La chose aura peut-être échappé aux représentants de Troarn (Saline!), de St Aignan de Cramesnil, de Brouay, Le Mesnil Patry (Thue et Mue) ou de Tilly la Campagne...

Passons enfin sur la désaffectation du parking en surface (aménagé à cet endroit il y a bien une soixantaine d'année), désaffectation préalable au déclassement de ce terrain d'un demi-hectare en plein centre-ville, ainsi passé du domaine public au domaine privé de la commune, et dès lors susceptible d'être vendu au premier venu (mais pas à n'importe qui), et à un prix qu'on pourrait dire d'ami à cet endroit, quand on sait qu'un terrain « encombré » de 595 m² (mais constructible à RdC + 4) peut se vendre 525 000€ au Calvaire St Pierre...

Et venons-en au dernier développement connu de ce dossier, la délibération n° 32 de l'ordre du jour du conseil municipal du 6 novembre 2017.

Une délibération qui « autorise le Maire à déposer une demande d'autorisation de travaux d'enlèvement d'arbres au nom de la commune sur la parcelle KX61 et à prendre tout acte nécessaire à l'exécution de la présente délibération. »

 

Qui c'est qui nous fait les fouilles ?

Approuvée par la majorité de droite et centre-droit de M. BRUNEAU, cette délibération lui permettrait donc de faire tronçonner, aux frais du contribuable caennais, une cinquantaine d'arbres, s'il en obtient l'autorisation...

Mais sauf à vouloir prendre le risque (en toute connaissance de cause) de se rendre complice d'une illégalité flagrante, les autorités administratives compétentes pour délivrer au maire cette autorisation seraient bien avisées de se plonger au préalable dans une lecture attentive du Livre V du Code du Patrimoine.

Qu'est-ce qui justifierait en effet l'abattage de cette cinquantaine d'arbres ? La nécessité de « fouilles d'archéologie préventive » sur ce site dont le sous-sol recèle encore les fondations de l'hôtel de ville de Caen (ancien couvent des Eudistes) détruit en 1944, vestiges dont la réalisation du parking souterrain projeté entraînerait irrémédiablement la destruction.

Et à qui incombe la réalisation de ces fouilles ? La réponse est (notamment) dans l'article L. 523-8 du Code du Patrimoine :

« L'Etat assure la maîtrise scientifique des opérations de fouilles d'archéologie préventive mentionnées à l'article L. 522-1. Leur réalisation incombe à la personne projetant d'exécuter les travaux ayant donné lieu à la prescription... »

ou dans l'article R. 523-41 du même code :

« Les opérations de fouilles archéologiques prescrites par le préfet de région (...) sont réalisées sous la maîtrise d'ouvrage de l'aménageur. »

Mais, dans l'affaire qui nous occupe ici, cet « aménageur », cette « personne projetant d'exécuter les travaux » est-ce la commune représentée par son maire ? Non bien sûr.

L'aménageur, c'est (comme tout le monde le sait depuis belle lurette) le groupement des sociétés de MM. Laurent CHEMLA (Le Printemps,etc.) et Claude JEAN, filles et gendre (Sedelka, etc.)

 

La redevance d'archéologie préventive...

Et ce n'est bien sûr pas tout. La réalisation de fouilles n'est évidemment pas gratuite. Et pour financer la gratuité de certaines d'entre elles (nous ne détaillerons pas), on a prévu l'institution d'une « redevance d'archéologie préventive », laquelle est « due par les personnes, y compris membres d'une indivision, projetant d'exécuter des travaux affectant le sous-sol et qui: a) Sont soumis à une autorisation (...) en application du code de l'urbanisme; (...) » (article L. 524-2 CPat)

« Le fait générateur de la redevance d'archéologie préventive est: a) Pour les travaux soumis à autorisation (...) en application du code de l'urbanisme, la délivrance de l'autorisation de construire ou d'aménager (...) » (article L. 524-4 CPat)

« Le montant de la redevance d'archéologie préventive est calculé selon les modalités suivantes: I. – Lorsqu'elle est perçue sur les travaux mentionnés au a de l'article L. 524-2, l'assiette de la redevance est constituée par la valeur de l'ensemble immobilier déterminée dans les conditions prévues aux articles L. 331-10 à L. 331-13 du code de l'urbanisme.

« Le taux de la redevance est de 0,40 % de la valeur de l'ensemble immobilier. (...) » (article L. 524-7 CPat)

 

Petit détour imposé par le Code de l'urbanisme...

Les articles L. 331-10 à L. 331-13 du code de l'urbanisme dont il vient d'être question traitent des questions d'assiette et de calcul de la taxe d'aménagement :

« L'assiette de la taxe d'aménagement est constituée par: 1° La valeur, déterminée forfaitairement par mètre carré, de la surface de la construction; 2° La valeur des aménagements et installations, déterminée forfaitairement dans les conditions prévues à l'article L. 331-13 (...) ». (article L. 331-10 Curb).

« La valeur par mètre carré de la surface de la construction est fixée à 660 € (...) » (article L. 331-11 Curb).

« La valeur forfaitaire des installations et aménagements est fixée comme suit: (...) 6° Pour les aires de stationnement non comprises dans la surface visée à l'article L. 331-10, 2000€ par emplacement, cette valeur pouvant être augmentée jusqu'à 5000 € par délibération de l'organe délibérant (...) de la collectivité territoriale ou de l'établissement public compétent en matière de plan local d'urbanisme (...) » (article L. 331-13 Curb).

Pour un projet comme celui des promoteurs de cette halle commerciale de la place de la République, le montant de la redevance d'archéologie préventive légalement due par l'aménageur est donc de plusieurs dizaines de milliers d'euros (on laissera les services compétents en calculer le montant exact).

 

D'où il ressort principalement que...

1°) qu'en inscrivant à l'ordre du jour des délibérations de son conseil municipal du 6 novembre 2017 la question n° 36 (l'abattage des arbres de la place de la République, préalable aux fouilles d'archéologie préventive), la municipalité de Caen s'est indûment substituée à l'aménageur parfaitement connu de tous, et a méconnu les règles posées par le Code du Patrimoine ci-dessus exposées, et qu'en conséquence cette délibération n° 36 doit être considérée comme illégale ;

2°) que l'abattage de ces arbres, s'il devait un jour s'avérer nécessaire, ne pourrait avoir lieu qu'après la délivrance à l'aménageur d'un permis de construire en bonne et due forme, et donc après que ce dernier ait acquis la propriété du terrain d'assiette de son projet, ou dispose d'une promesse de vente de ce terrain que seul le conseil municipal de la commune peut lui consentir ;

3°) qu'une décision d'un conseil municipal ou d'un maire (comme cette délibération n° 36) ne peut avoir pour effet ou pour but de permettre au redevable d'un quelconque impôt, taxe ou redevance d'éluder le paiement de ces contributions, ni de mettre à la charge de la collectivité des dépenses (abattage d'arbres, fouilles) qui incombent en droit à une ou plusieurs personnes physiques ou morales clairement définies.

 

Cette délibération n° 36 encourt donc manifestement l'annulation, que ce soit après une demande de contrôle de légalité à formuler auprès du préfet (s'il consent à la déférer au TA), ou suite à un recours gracieux auprès du maire, lui demandant de soumettre à son conseil municipal une demande de retrait de cette délibération...

 

 

 

 

 

mardi, 22 septembre 2015

160 rue de la Délivrande à Caen, deuxième version du permis de construire Billet-Giraud retoquée, un an après un premier retrait...

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  Et de deux... sans trois ?

Le samedi 12 septembre dernier, dès potron-minet, le facteur toquait à l'huis. Il était porteur de lettres recommandées en provenance de la mairie pour quatre familles de ce bout de quartier, coincé entre les avenues de la Côte de Nacre et Nicolas Copernic d'une part, et les lycées Laplace et Dumont d'Urville de l'autre.

Mme Sonia de la Provôté, première adjointe au Maire, les informait par ce courrier que « suite au recours gracieux exercé à l'encontre du permis de construire (…) déposé par SCCV Les balcons de l'Université pour la construction d'un immeuble de 24 logements et de commerces (...) », elle avait « décidé de procéder au retrait de ce permis par arrêté en date du 31 août 2015 ».

Restait à se procurer l'arrêté en question, dont vous pourrez prendre connaissance en cliquant sur le lien ci-après: retrait PC 160 Délivrande arrêté du 31 août 2015.pdf

Pour les lecteurs occasionnels de ce blog, d'ailleurs alimenté par intermittence, et chichement, il convient peut-être de rappeler la nature du problème...

 

Résumé des épisodes précédents : 1° le projet

Commençons par le début. En 2013, les propriétaires-occupants d'une grande et belle maison, sur 790 m² de terrain, la mettent en vente. Passe par là un professionnel de l'immobilier, bien moins intéressé par la construction elle-même que par la taille et la situation du terrain. Et qui, en bon professionnel, n'ignore rien de ce que va permettre à cet endroit le nouveau plan local d'urbanisme (PLU) des regrettés Philippe DURON et Xavier LE COUTOUR, approuvé par le conseil municipal le 16 décembre 2013.

C'est ainsi que, le 14 février 2014, une société caennaise de promotion immobilière dépendant du groupe BILLET-GIRAUD (2 rue St Sauveur à Caen) déposait au service de l'urbanisme de notre bonne ville, au nom d'une SCCV « Les balcons de l'université » représentée par M. Franck GOUSSIN, une demande de permis de construire pour un immeuble de 27 logements et 228 m² de commerces au 160 rue de la Délivrande.

L'instruction de cette demande suivit son cours, de modifications en compléments, jusqu'à la délivrance finale d'un permis en bonne et due forme, signé le 25 juin 2014 par Mme Sonia de la Provôté, remplaçante de Xavier LE COUTOUR au poste d'adjoint à l'urbanisme dans la nouvelle équipe municipale de Joël BRUNEAU.


Densification radicale en zone pavillonnaire...

Jusqu'à cette fin du mois de juin 2014, les habitants du quartier ignoraient tout de ce projet, mais le permis sitôt affiché (bien que dans un endroit fort discret et non conforme aux règles en vigueur, et c'est donc qu'on s'attendait à une réaction), ce fut la révolution...

Il leur fallait en effet s'attendre à :

- 4 étages de béton sans âme sur rez-de chaussée commercial (pour quoi faire ?), coincés entre 2 maisons basses (rez-de chaussée + combles),

- seulement 22 places de stationnement en sous-sol pour 27 logements en vertu des dispositions imbéciles de l'article 12 du règlement du PLU (qui veut que la proximité d’une station de TVR -improprement baptisé tram- dispenserait les résidents de posséder ou d’utiliser une automobile…),

- la disparition d'un grand jardin (réduit à 25 m² d'espaces dits verts au fond d'une impasse), et une parcelle de 790 m² presqu'intégralement bétonnée,

- un accès automobile à ce parking en sous-sol dangereux, tant pour les résidents eux-mêmes que pour les autres usagers de la voie publique, notamment les piétons et parmi eux les nombreux collégiens, lycéens et étudiants fréquentant les établissements du quartier,

- les problèmes prévisibles de sécurité et de stationnement que cette construction (si elle devait se faire) ne manquerait pas d'aggraver dans ce bout de quartier seulement desservi par une seule voie publique (le tronçon de la rue de la Délivrande entre avenues de la Côte de Nacre et Nicolas Copernic), tout le reste étant voies privées; un quartier déjà saturé par le stationnement, en journée, de diverses catégories de non-résidents (employés et usagers des services installés à proximité, utilisateurs du TVR, etc.).

Il n'en fallait pas plus pour mettre en ébullition un quartier jusque là paisible. De réunion en délégation et en pétition auprès des représentants de la nouvelle municipalité, l'on décida d'introduire si besoin un recours gracieux demandant le retrait de ce permis, un examen rapide du projet ayant immédiatement fait apparaître son illégalité au regard des dispositions applicables du PLU nouveau.


2° Recours gracieux du 11 août 2014...

Du côté de l'Abbaye aux Hommes, on nous faisait savoir tout le mal qu'on pensait (paraît-il) de ce projet, mais on nous demandait aussi de préciser nos arguments, comme si les fonctionnaires du service de l'urbanisme n'avaient pas par eux-mêmes été capables de voir en quoi ce permis prenait de sérieuses libertés avec les règles du PLU...
Et c'est ainsi que, sans nouvelles d'un retrait spontané du permis par ses auteurs (décision motivée que le maire ou l'adjoint délégataire peut parfaitement prendre de son propre chef dans un délai de 3 mois après la signature dudit permis), nous avons le 11 août adressé au maire et au bénéficiaire du permis les lettres recommandées d'usage, détaillant les entorses au règlement du PLU que s'autorisait le promoteur, et avec lui son architecte, le cabinet MILLET CHILOU & Associés.

Pareille méconnaissance d'une kyrielle d'articles du règlement du PLU (zone UB), soit les articles 3, 6.2.2, 10.2, 11 (11.3.2) et 13.2.1, avait certainement de quoi intriguer, de la part d’un cabinet d’architecture considéré à Caen comme sérieux et expérimenté. Et comment pareilles bourdes avaient-elles pu rester inaperçues d’un service instructeur qui, en quatre mois, avait eu à examiner 4 états successifs de ce dossier ?


...et 3° retrait du premier permis le 24 septembre 2014

Quoi qu'il en soit des raisons qui avaient permis à ce permis bancal de passer, incognito, à travers les mailles de la passoire (à gros trous) du service municipal de l'urbanisme, Sonia de la Provôté nous informa enfin, par lettre recommandée, de sa décision de retrait du permis de la SCCV « Les balcons de l'université », par arrêté du 24 septembre 2014. Un retrait s'appuyant sur deux motifs...

Un seul motif aurait suffi (nous en évoquions 6 dans notre recours, plus un petit dernier que la Ville ne pouvait évidemment pas retenir, s'agissant de la grossière erreur d'appréciation entachant zonage et/ou règlement de ce secteur UBa4, soulevé par voie d'exception). Mais la Ville en retenait tout de même deux (et implicitement un troisième), le premier relatif à la règle d'implantation du bâtiment à l'alignement (article 6.2.2), le second à une autre règle prescrivant l'inscription des façades des constructions dans un gabarit sur voie (articles 10.2 et 11.3.2). C'étaient là manifestement des règles de base, et on n'avait tout de même pas besoin de nous pour constater qu'elles étaient grossièrement méconnues !

 

4° Lundi 22 décembre 2014, nouveau projet sous le sapin...

Mais un promoteur qui a du caractère ne renonce pas pour si peu à un projet qui lui tient à cœur. Un petit trimestre plus tard, Mme Sonia de la Provôté, ès qualités de premier maire adjoint, invitait (par une lettre ci-dessous reproduite) « les riverains concernés » à une réunion de présentation d'un nouveau projet pour le 22 décembre 2014.

Ce « avant le dépôt d'une nouvelle demande de permis de construire », en sa présence et celle de M. Gilles GUERIN (Directeur de l'urbanisme sur le départ pour une retraite bien méritée), de « l'opérateur » M. Franck GOUSSIN de BG PROMOTION (gérant de 13 SCCV du groupe B et G, B pour BILLET Charles-Henri et G pour GIRAUD Philippe), et enfin son architecte, associé de MM. MILLET et CHILOU.

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Le « nouveau » projet ressemblait vraiment beaucoup au premier, à ceci près qu'il respectait maintenant les règles des articles 10.2 et 11.3.2 du PLU (retrait en attique), et masquait derrière un haut mur la rampe d'accès au parking souterrain, le long d'une des trois voies circonscrivant le terrain (l'impasse d'accès au lycée Dumont d'Urville, côté Nord). Pas de quoi prétendre au respect strict de la règle d'implantation du bâtiment à l'alignement des 3 voies concernées (article 6.2.2 du PLU).

Et sans changement notable par ailleurs, en volume comme en hauteur (et avec le maintien de 228 m² de locaux commerciaux, sans une seule place de stationnement dédiée à cette activité). Il avait seulement fallu revoir la disposition intérieure des logements au dernier étage, logements dont le nombre était ramené de 27 à 24, mais pour une surface de plancher augmentée (1590 au lieu de 1508 m² !).

Dans ces conditions, le promoteur pouvait-il sérieusement s'attendre à ce que son « nouveau » projet soit favorablement accueilli par les habitants du quartier ?

 

5° Nouveau permis, nouveau recours, nouveau retrait...

Quoi qu'il en soit, la SCCV « Les balcons de l'université » de M. Franck GOUSSIN déposa sa nouvelle demande de permis de construire le 28 janvier 2015 (une demande par 3 fois complétée au cours des 4 mois qu'en dura l'instruction, à peu près aussi longue que celle du premier permis le fut de février à juin 2014), et obtint le 4 juin 2015, et donc après mûre réflexion, la délivrance finale d'un permis en bonne et due forme, signé par Mme Sonia de la Provôté.

Cette fois, par contre, pas d'effet de surprise dans le quartier. Les plus proches voisins du projet de construction, après avoir consulté en mairie le dossier du permis et s'en être procuré pour 8,94 € une copie, certes incomplète (la mairie refusant -en toute illégalité- de communiquer certains avis), rédigèrent sans difficulté un nouveau recours gracieux (démarqué presque mot pour mot du précédent). Les riverains des voies privées décidèrent de leur côté d'installer aux deux entrées du quartier (rues de Colleville et d'Hermanville) des sens interdits sauf riverains...

On tenta bien encore, pour la forme, un semblant de négociation, et Mme Sonia de la Provôté (assistée de la nouvelle directrice de l'urbanisme et d'un juriste de la mairie) consentit à recevoir, le 15 juillet, ceux des auteurs du premier recours présents à Caen à cette date. Mais ceux-ci n'y obtinrent et n'y apprirent rien de nouveau, si ce n'est que, si l'affaire devait être soumise aux juges administratifs, et si ceux-ci devaient nous donner raison pour les questions d’alignement, nous aurions affaire à un nouveau projet avec une emprise maximum au sol... Baroud d'honneur, et/ou dernière tentative d'intimidation ?

Le recours dont il a été question plus haut fut donc adressé le 30 juillet au maire et à M. Franck GOUSSIN, et, un mois plus tard, le 31 août 2015, Mme Sonia de la Provôté signait l'arrêté de retrait du permis de construire contesté.

 

La SCCV « Les balcons de l'université » a maintenant jusqu'à la fin octobre pour saisir, si elle le souhaite, le Tribunal administratif de Caen d'une demande d'annulation de cet arrêté du 31 août 2015. Comme elle aurait pu saisir le même Tribunal plus tôt, si on lui avait d'emblée refusé de lui accorder ce permis...

 

Car fallait-il vraiment en passer par cette forme de guérilla urbaine pour finir par admettre, au bout du compte, l'argumentation parfaitement fondée d'habitants qui ne demandent rien d'autre que de continuer à vivre dans un environnement acceptable, rien d'autre aussi que le strict respect de la règle commune (ici celles du plan local d'urbanisme, dont la municipalité peut lancer la procédure de révision s'il ne convient pas) ?

Dès le dépôt de la demande du second permis de construire, fin janvier de cette année (et bien sûr dès le retrait du premier permis il y a un an), Mme Sonia de la Provôté et le service municipal de l'urbanisme, qui connaissaient parfaitement notre argumentation (pratiquement inchangée d'un permis à l'autre), ne pouvaient ignorer qu'il n'était pas plus conforme que le premier aux règles d'urbanisme en vigueur.

Pourquoi, dans ces conditions, accorder une autorisation qu'on sait éminemment contestable ? Comptait-on sur la lassitude des opposants, ou les erreurs de procédure qu'ils pourraient commettre (une autorisation d'urbanisme manifestement illégale, mais pas contestée dans les deux mois de son affichage, ou alors contestée sans respecter strictement les procédures ad hoc, devenant automatiquement une autorisation qu'on ne peut plus faire annuler) ?

A quoi et qui servent, dans ces conditions, les techniciens de l'urbanisme et les juristes employés par la collectivité, aux frais du citoyen-contribuable ?